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Nom du blog :
barbaraaucongo
Description du blog :
barbara est partie au congo suivre les bonobos en milieu sauvage, elle nous raconte son experience
Catégorie :
Blog Tourisme et Voyages
Date de création :
26.02.2008
Dernière mise à jour :
26.02.2008

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le roman!!!

le roman!!!

Publié le 26/02/2008 à 12:00 par barbaraaucongo
Bonjour à tous,

Lors de mon dernier mail je vous relatais tous les tracas que nous avions eu et que tout allait rentrer dans l’ordre assez rapidement. Et bien je me trompais lourdement. Tout a empiré en fait au lendemain du mail et je viens de passer le mois de novembre le plus exécrable qui soit je pense !
Heureusement, depuis maintenant quatre jours, tout va cette fois vraiment mieux. Je fais mon job d’administratrice très tranquillement sans stress, sans imprévus. Je me repose et j’ai même le temps d’entamer cette lettre qui va être longue, très longue…tant pis pour vous...

L’histoire du vol…
Dans la nuit du 08 au 09 novembre, un jeune garçon est venu nous voler. Il s’est introduit dans notre dépôt (jamais fermé, même pas avec une porte…) et nous a pris un petit bidon étanche dans lequel se trouvaient quelques affaires personnelles de l’équipe des chercheurs comme des appareils photos, téléphone portable, lecteur MP3…
Nous nous sommes aperçus du larcin à 4H du matin lorsqu’une des bénévoles s’apprêtait à entrer en forêt avec son appareil photo ! J’ai réveillé tout le monde car ceci était une affaire grave. C’est la première fois que cela arrivait. Il faut vraiment comprendre que nous sommes isolés et très très loin de tout. Nous sommes au cœur de la forêt du parc de la Salonga et nous ne sommes pas facile d’accès. Immédiatement, des traces de pas on été repéré et deux de nos gars sont partis à la recherche des malfrats dans la nuit. Trop long à expliquer en détail mais pour résumer, les voleurs sont passés près du campement de pêcheur dans lequel se trouvaient en fait deux des employés du projet en repos. Nos deux éléments ont immédiatement compris que quelque chose d’anormal avait du se produire pour voir deux personnes au petit matin sur le chemin qui ne peut mener qu’au campement. Ils les ont poursuivis toutes machettes dehors…Les voleurs ont laissé alors tomber leur butin dans la course et ont réussi à fuir. Notre fameux bidon, contenant tous nos trésors a alors été apporté directement au village de Lompole, celui qui se trouve super super super éloigné et qui m’avait tant fait souffrir (cf : premier mail !). Le bidon a été remis au représentant local du projet dans ce village. Cette personne est en fait la personne avec laquelle je suis en constante relation par courrier. Il est en charge de nous envoyer notre ravitaillement en fruit, légume, tubercule …deux fois par semaine par des porteurs. Il s’occupe également de m’envoyer la relève des rotations des travailleurs. Bref, lorsqu’on a su que notre bidon se trouvait au village, on a tout de suite su que ce n’était pas du tout un bon signe….et nous avions raison….Mara, c’est le nom de ce fameux coordinateur local a immédiatement entamer une procédure par rapport au vol. Il a porté plainte auprès du commissariat le plus proche, c’est-à-dire le village de Lokolama qui se trouve super loin !
Entre temps, nous avons pu identifier nos voleurs. Il s’agit d’un petit groupe de jeunes hooligans locaux dont la majorité ne sont même pas encore majeur ! Le « cerveau » se nomme « Mambo » (si si ! c’est pas une blague !). Il n’a pas encore sa majorité mais presque. Mais le plus important est de savoir que c’est un récidiviste. En septembre dernier, le projet subissait son premier vol depuis son installation. Lorsque l’avion est arrivé sur la piste d’Ipope, les porteurs ont entamé leur marche en direction du village de Lompole. A l’arrivée, ils se sont aperçus qu’une caisse avait été forcée et que c’était la caisse qui comprenait les salaires (le hasard !). Il s’agissait alors déjà de Mambo et de sa bande. Ne me demandez pas pourquoi il était toujours en liberté puisqu’il avait été alors clairement identifié…lien de famille avec le chef de secteur en charge de l’enquête plus le fait d’être dans une zone ou la loi ne fonctionne pas tout à fait comme elle devrait, une zone ou si vous offrez un poulet à un agent assermenté, cela l’aide grandement à fermer les yeux sur le reste y compris les crimes…tous ces éléments pourraient alors éclaircir nos interrogations…
Il n’empêche que là, l’affaire est grave car ce jeune n’attend pas deux mois pour récidiver et directement au camp cette fois !!!! Une procédure est donc entamée et une plainte déposée. Nous changeons bien évidement de commissaire. Mais voilà, le commandant lieutenant décide de prendre l’affaire très au sérieux et arrive à dégoter une mobylette plus chauffeur (j’ai reçu la note !) et arrive au village de Lompole avec cinq hommes armés. Nous sommes tenus informés via mes petites lettres avec Mara et ce qui devait arriver arriva ! Un matin, nous voyons débarquer deux de nos éléments au campement pour me convaincre de me rendre au village afin de m’entretenir avec le fameux commandant. Il désirait me voir en tant qu’administratrice du camp et pour faire une reconnaissance de nos objets volés / retrouvés. Je n’avais alors plus d’autre choix raisonnable que celui d’accepter de le rencontrer pour pouvoir ainsi récupérer absolument les objets avant qu’ils ne « disparaissent » pour des fins de procédures administratives….J’ai donc pris mes plus belles chaussures de marche (je n’en ai qu’une paire) mon short le plus propre ( je n’en ai qu’un), ma brosse à dent et une furieuse envie de pleurer à l’idée de me retaper ce maudit trajet dont je m’étais pourtant promis de ne reprendre que neuf mois plus tard, pour mon trajet de retour…Je suis donc partie escortée avec les deux éléments et mes biscuits. Rivière à traverser, marécages, ponts suspendus, boue…4 heures plus tard, j’arrivais enfin à Lompole, les mollets en bouillis mais si heureuse d’avoir fait ce parcours en seulement quatre heures contre cinq lors de ma première venue !
Après deux mois de total isolement, lorsque je suis arrivée au village de Lompole, j’ai eu l’impression de pénétrer dans New York ! Mais pourtant Lompole est minuscule et il y a plus de poules que d’habitants…Je suis donc arrivée au village. J’ai été accueillie comme une star. C’était tout simplement incroyable. J’ai vécu 24H extraordinaires, EXTRAORDINAIRES !
Dès mon arrivée j’ai souhaité en finir avec la corvée de la déposition. J’ai donc eu l’entretien avec le fameux commandant. Finalement, cela s’est avéré être une bonne expérience. Mais avouons tout de même que cela se présentait mal dès le départ. On me fait entrer dans la pièce ou il se trouvait. Je le vois alors assis avec sa grosse matraque dans la main et, face à lui, de l’autre côté de la table, le jeune prisonnier menotté. C’était horrible. J’ai donc expliqué au commandant que je ne supportais pas ce genre de mesure d’intimidation et qu’il était hors de question que j’assiste à ceci. Il a été surpris mais a finalement accédé à ma demande. Le prisonnier retourna dans la pièce qui lui était attribué pour le garder. Je vous passe vraiment les détails…L’entretien fini, j’ai repris mon container avec les précieux objets. Nous avons alors plusieurs autres sujets comme notre future sécurité lorsque notre avion allait arriver en décembre pour nous ravitailler et apporter les salaires. Après plusieurs heures de « palabres » nécessaires, le commandant a alors souhaité vivement que je prenne des photos de lui, de son équipe et de son jeune prisonnier….C’est à ce moment que le début du grand n’importe quoi a alors commencé. Il est parti se changer et est revenu avec une tenue de défilé, sa matraque, son arme et une énorme paire de lunette de soleil qui lui couvrait tout son visage….c’était ridicule ! Je ne vous parle même pas des photos de son équipe ! J’étais définitivement rassurée quant à notre sécurité future sur notre site d’étude….définitivement…C’était un merveilleux moment de bonheur ! Ceux qui verront les photos comprendront ce que je veux dire ici. C’est à mourir de rire ! Le plus déroutant de tous ces instants fut lorsque je me suis aperçu que même le prisonnier semblait ravi de poser devant mon objectif et voulait voir le résultat à chaque prise…C’était comme une hallucination ! Une joyeuse cohue sur la « pelouse » s’est alors formée afin d’avoir « la chance » d’être photographiée. Le commandant est même allé revêtir une autre tenue encore une fois…Mais combien de tenue emporte-t-il donc dans son tout petit sac plastique ce commandant ??? Tout ceci m’a tout de même inquiété quant à la suite des évènements concernant l’arrestation de l’équipe Mambo. Je me suis alors dit que nous allions nous même prendre des précautions quant à notre protection et à celle des biens du camp plutôt que de compter sur l’efficacité de ce Commissaire Moulin aux mille et une tenues….
Le lendemain matin, à l’aube, je suis repartie avec mon container et un porteur pour le campement. Je suis arrivée cinq heures plus tard totalement épuisée !
En moins de 24H, j’avais parcouru plus de 50km, fait une déposition super stressante auprès d’un commandant, accepté de faire une très longue séance photo, j’en ai profité pour régler des « dossiers » en cours au village et qui concernent le projet, fait le tour obligatoire des « notables » du village afin de les saluer tous un par un (pouvais pas y échapper), me suis couchée à 20h, endormie aux alentour de 1H30 lorsque les policiers de garde du prisonnier ont daigné éteindre leur musique dont je pensais que le puissant volume allait faire exploser leur poste (je le souhaitais en tous cas très fortement..), me suis réveillée à 4H en constatant que le puissant volume n’avait vraiment pas cassé le poste remis en fonction à cette heure cruellement tôt…(inutile de vous décrire mon humeur ce matin là et le regard que j’ai du lancé aux policiers lorsqu’ils m’ont dit bonjour avec leur plus beau sourire alors que je sortais à peine ma tête aux yeux bouffis hors de ma tente… !) Bref, lorsque je suis enfin arrivée au campement, chez nous, dans le calme de la nature, j’ai pris une bonne douche et n’ai plus rien fait de la journée !
Le lendemain, nous avons entrepris quelques travaux d’urgence pour sécuriser un peu tout dans le campement en attendant mieux ! Une porte a été construite pour commencer et la anse d’un seau nous sert de verrou muni d’un cadenas. Ben ouais, peut pas faire mieux pour le moment ! Nos boites de sardines vides liées les unes aux autres par une ficelle, nous servent d’alarme pour les panneaux solaires. Nous avons également relié les panneaux les uns aux autres par des fils de fer. Nous avons posé des cadenas un peu partout également. Bon, je vous rassure tout de même car nous allons recevoir un matériel plus élaboré et sophistiqué que j’ai commandé (alarme, câble etc…) par l’avion du 13 décembre.

L’histoire du patient anglais…
Lorsque je suis revenue de mon séjour express au village de Lompole et après nos travaux de sécurisation du campement, tout semblait rentrer dans l’ordre. L’agitation et le stress des derniers jours laissaient la place au calme.
Un lundi matin, soit 3 jours plus tard seulement, je travaillais sur l’ordinateur avec Nono. Il faisait soleil. Les oiseaux étaient particulièrement gais ce jour ainsi que tout le monde. Super ! Vers 10H, nous voyons sortir Andrew de sa tente de façon précipitée pour venir vomir à mes pieds…du sang…et c’était reparti !!!! Andrew nous faisait à nouveau une crise incroyablement violente cette fois-ci et cela seulement trois semaines à peine après sa précédente crise. Il est parti se réfugier dans le laboratoire d’analyse en plein air qui se trouve un peu à l’écart. Il ne voulait pas que tout le monde voit ça, juste moi ! Trop d’honneur… ! Sa crise s’est alors transformée en véritable cauchemar. Je pensais qu’on ne pouvait voir cela que dans les films, vous savez, ceux ou l’on voit l’héroïne transpirer et pleurer pour sauver son amoureux sous le soleil brûlant d’une contrée au nom exotique... Et bien non ! Je me suis retrouvée dans la même situation mais avec le côté glamour en moins. Andrew n’est même pas mon amoureux et que je ne pleurais pas! Lui, il ressemble plus à Tintin physiquement qu’à Ralph Fienes et moi de plus en plus à Milou…Mais je transpirais, ça, c’est vrai ! Je me suis retrouvée seule avec lui qui nous faisait un bon 40,2° ! Il gisait au sol, la bouche dans la terre à vomir du sang. Il était pris également d’une diarrhée incontrôlable (Ca, c’est pour confirmer à nouveau que le côté glamour n’était vraiment pas là…il n’y a jamais ce passage dans les films…!!!!) Quand je vous dis que c’était un cauchemar, je n’exagère en rien ! Aujourd’hui je peux vous raconter tout ça avec un brin d’humour mais je vous assure que le jour-là, après le plus gros de sa crise, j’étais comme choquée. Il délirait, tremblait, pleurait. Il était pris de convulsions de façon très régulière et ne réussissait qu’à cracher ou vomir du sang. C’était super flippant. J’essayais de le maintenir au sol autant que je pouvais quand il avait ses spasmes mais c’était vraiment difficile. Et je voyais bien que ça le tordait et qu’il souffrait…Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Moi-même, j’étais super flippée et je ne savais plus trop ou j’habitais à un moment ni ce que je « foutais » là à maintenir une personne comme ça sur le sol terreux avec les mouches qui grouillaient autour de nous deux. Personne ne venait au labo car tout le monde paniquait un peu et les congolais ne peuvent aller voir un homme « diminué » comme ça. Je lui ai donné du paracétamol en bonne quantité et aspergé d’eau froide pour diminuer sa fièvre. Lorsque ça crise a semblé passer deux longues heures plus tard, il pouvait enfin relever sa tête. Je n’avais jamais vu une personne aussi affaiblie au point de ne pouvoir même soulever sa tête pour boire un liquide. Il faut bien se rappeler que je ne suis absolument pas médecin et donc pas habituée à voir ce genre de chose! Bon, petit à petit, Il a récupéré quelques forces. Puis, j’ai pu l’aider à se laver et à se changer. Enfin, il a réussi à regagner sa tente pour s’écrouler à l’intérieur. Ensuite, j’ai appelé via satellite les responsables du projet en Allemagne pour envisager son évacuation car je pense qu’il n’a pas que la malaria. Je pense que malheureusement Andrew souffre d’autre chose. Mais c’est une personne très particulière et qui n’accepte pas de se voir quitter la mission pour le projet avant terme. Je savais donc qu’il allait être très difficile de lui faire entendre raison. Mais j’étais loin de m’imaginer que ça allait prendre cette tournure. Nono (super inquiet) et moi, étions tout à fait d’avis qu’il fallait l’évacuer pour qu’il aille se soigner en Europe. Dernièrement, il a accumulé trop de problèmes de santé. Cela fait neuf mois qu’il est ici. Jusqu’à présent, le couple directeur du projet a toujours refusé de faire des contrats de plus de neuf mois consécutifs sur le terrain. Ils savent combien les conditions sont éprouvantes et que neuf mois est la limite raisonnable. Pour Andrew, ils ont fait leur première exception. Et voilà le résultat. Il entame son dixième mois avec un corps qui lui signale un peu partout qu’il n’en peu plus et qu’il doit prendre du repos. Nous avons longuement discuté au téléphone avec les responsables et décidé d’agir en douceur pour le convaincre de rentrer. Le lendemain, il apprend que j’ai contacté les boss et a déchargé sur moi toute sa colère et certainement sa frustration. Ca a été vraiment difficile pour moi de serrer les poings et les dents devant sa réaction. Tout le monde l’a trouvé très injuste à mon encontre et lui ont rappelé que depuis un mois j’ai rassemblé toutes mes connaissances et mon expérience en matières de soins en milieu tropical pour lui car personne d’autre ne pouvait le faire, pas même les sorciers guérisseurs du secteur… ! Bref, il lui fallait un coupable et je me suis retrouvée sur sa ligne de mir. Il a shooté et j’ai été sérieusement blessée. Il faut aussi comprendre que nous sommes tous très fatigués depuis quelques semaines. Les évènements imprévus et le travail nous rendent fatigués. L’exiguïté des lieux et son extrême isolement nous fragilisent moralement. Nous devenons plus perméables à la moindre remarque…Alors devant ce déferlement d’injustice, je ne vous explique pas l’énorme baisse de moral que j’ai subi. J’ai du rassembler tout ce que je pouvais dans ma tête pour ne pas craquer. Cela a duré trois jours ou je luttais intérieurement pour me rappeler qu’il était plus important que je me concentre sur ce pourquoi j’étais là, ma petite contribution personnelle à la conservation de l’environnement, plutôt que sur les attaques paranoïaques d’un britannique qui voudrait peut-être me rappeler la défaite de Waterloo !...Puis, j’ai reçu un mail magique d’une personne qui a su trouver les justes mots et qui m’a redonné des forces mentales, les forces dont j’avais besoin. Après ces trois jours cauchemardesques, le britannique m’a présenté ces sincères excuses pour son comportement. Nous avons eu un long entretien sur les risques qu’il prenait en restant ici, sur le fait qu’il devait rentrer sur Londres et se faire examiner, sur les risques également qu’il nous faisait prendre à tous si une autre crise le prenait et qu’il faudrait alors songer à l’évacuer sur une civière faite en bois sur ce fameux long et accidenté chemin qui nous mène au village de Lompole. Après ce fameux entretien, le hasard a fait que nous avons appris qu’à titre exceptionnel, un avion arriverait en janvier au lieu de fin février. J’ai donc fini par accepter sa requête de rester jusqu’à cet avion qui se présente comme une sorte de compromis entre ma responsabilité de devoir l’évacuer et son désir de finir son job. Nous avons ainsi convenu de plusieurs conditions entendues également avec les responsables allemands. Il a accepté ces conditions (travail de seulement demi-journée, reprise de sorties en forêt qu’après total rétablissement…). Au pire des cas, je me suis dis qu’on pourrait l’évacuer en 48H sur Kinshasa avec son assurance si un tel évènement devait se reproduire. Nous avons beaucoup discuté lui, Nono et moi de tout cela. Aujourd’hui, Andrew fait profil bas. Il a honte de son comportement et il sait aussi qu’il est sur la sellette. Je le surveille du coin de l’œil car je sais qu’il me cachera ces premiers symptômes de fatigue…mais je commence à connaître désormais quand il va faire une crise ou pas. Il partira de façon sure par l’avion de janvier. Il n’a donc plus que 5 semaines à tenir, six tout au plus. Croisons les doigts d’ici là. C’est un chercheur sur terrain. Il faut vraiment lui reconnaître ça malgré son caractère epouvantable et injuste. Je ne garderai pas un bon souvenir de lui !
Moi, j’ai reconstitué mon capital moral mais j’avoue que c’est difficile surtout en cette période de fêtes. Alors je me concentre sur le fait que dans une semaine je donnerai le flambeau d’administratrice à la nouvelle venue et je pourrai ainsi retourner en forêt voir ces chers bonobos dont je ne me souviens même plus à quoi ils ressemblent. Je n’arrive plus à me remémorer cette odeur si particulière qu’ils dégagent et qui m’est si agréable. Les personnes qui ont déjà eu le bonheur de travailler avec les chimpanzés connaissent cette odeur. Et puis, il y a leurs petits cris vraiment propres à eux et qui ne ressemblent en rien à ceux de leurs congénères cette fois. Je vais également entamer une nouvelle page avec ce séjour puisque je vais reprendre la suite des analyses chimiques à faire suite au départ de Nono qui nous quitte par l’avion de décembre pour rentrer sur Kinshasa. Je suis formée pour faire ces analyses et préparer les réactifs. Si je ne fais pas exploser le laboratoire, ils auront de la chance je suppose. Je n’ai jamais fais ça, alors je ne vous explique pas comme je suis concentrée lors de ces explications….Ca va me changer, m’ajouter une corde supplémentaire à mon arc et c’est très bien. Je suis contente.

L’histoire du bûcheron congolais…
Depuis quelques semaines, nous savions que nous devions faire abattre un arbre énorme qui menaçait de tous nous aplatir comme une galette bretonne après sa chute. Il s’agit d’un Irvingia absolument gigantesque et magnifique. Ces contreforts sont impressionnants et font peut-être jusqu’à trois fois ma taille ! La tâche se révélait difficile et dangereuse pour les personnes qui allaient s’y atteler. Jusque là, tout le monde reportait pour de plus ou moins bonnes raisons cette mission délicate et franchement encombrante au niveau responsabilité. Mais dernièrement, la chute d’un « bébé » arbre en comparaison de celui-là sur le toit qui protégeait une tente et à un mètre de l’entrée de la mienne nous a fait prendre conscience qu’il fallait désormais s’occuper d’abattre le gros menaçant. On m’a alors conseillé un homme répondant au nom de « Vanty » et qui aurait l’habitude de se genre de tâche. Le bûcheron du coin, l’homme fort comme ils disent.
Vanty est venu. Vanty est un homme qui n’a pas le look du bûcheron comme on pourrait s’imaginer. Il est arrivé un après midi. Il venait de parcourir les 25 km qui nous séparent du village de Lompole. Vanty porte un long short dont il prend soin de nouer régulièrement la corde bien au dessus de la taille. Vanty porte un vieux Tshirt court qui nous permet de constater que la cordelette de son long short est bien fixée. Vanty porte une paire de tong. Vanty est grand (les congolais de ce coin sont petits !). Vanty a une grosse moustache. Vanty ne gaspille pas ses mots, il parle peu. Vanty ne sourit jamais ou presque. Vanty a une hache dans une main et une machette dans l’autre, un mini sac à dos dans son dos…
Vanty est arrivé pour voir l’arbre. Moi, je le suivais en trottinant derrière lui. Vanty est timide et ne parle pas très bien le français mais j’ai bien compris les quelques phrases dont il m’a gratifié : « Je vais revenir. Je serais seul. Personne autour de moi dans le périmètre. Deux journées : un jour pour construire une petite plateforme, un jour pour couper l’arbre. Il faudra que je mange bien et il me faudra des cigarettes. L’arbre tombera dans cette direction (qu’il me montre avec la tête de la hache au bout de son bras !). Personne ne sera blessé. » Puis il est reparti alors que j’avais à peine fini de prononcer un « voui » légèrement intimidée. J’avais envie de lui poser bien évidemment un milliard de question légitime en tant qu’administratrice et européenne qui n’a pas l’habitude de voir un monsieur abattre un arbre en tong qui est un des plus imposant qui m’ait été donné de voir dans ma vie ! Mais une petite voix intérieure m’a incité à ne pas trop causer, voire contrarier l’homme à la hache.
Le 30 novembre, Vanty arriva de nouveau au camp pour effectuer la mission. Même chose que lorsque je l’avais vu la première fois, tong, short, cordelette, micro Tshirt, ventre bedonnant, moustache, hache, machette et petit sac à dos ! Rien ne manquait, tout était là. Mais pourquoi quand je suis face à Vanty, j’ai l’impression de ne pas être plus haute que la hauteur de la semelle de ses tongs ? Cette fois Vanty est arrivé avec Papa Equateur. Vous vous souvenez ? C’est le monsieur à l’arc qui dit plein de trucs aux esprits et notamment à ceux de la pluie ! Et bien là, il fallait respecter le protocole de rigueur dans le coin lorsqu’on abat un arbre de cette envergure, faut bien parler aux esprits de la forêt pour pas qu’à la fin du travail il y ait un « oups ! » qui pourrait alors s’avérer dramatique. Pendant donc le premier jour, Vanty et Papa Equateur se sont engouffré dans la forêt au pied de l’Irvingia. L’un travaillait comme un dingue pour construire une plateforme qui allait lui permettre de couper l’arbre au dessus des gigantesques contreforts. L’autre, muni de son éternelle machette, entamait alors un dialogue et des chants avec les esprits du coin. Moi, j’avais qu’une envie, c’était de croire à ces fameux esprits et qu’ils fassent leur job de nous protéger nous et Vanty. Je n’avais pas trop envie qu’une catastrophe de plus s’ajoute pour cette période. Mon job a moi était de débrancher tous les panneaux solaires et objet de communication en cas de problème pour garder le contact avec l’extérieur. A la fin de la première journée, j’ai obtenu l’accord de Vanty pour pouvoir aller voir les travaux qu’il avait effectué et prendre des photos. Lorsque j’ai vu la hauteur de la plateforme, j’ai pris une crise de fou rire nerveuse. Le plan : Vanty monte sur la plateforme qui est super haute, il coupe à la hache le tronc et lorsque celui commence à basculer, Vanty saute à terre dans la direction opposée. C’était de la folie ! Le lendemain matin, les premiers coups de hache ont retenti à 4H55 ! Nous avons tous déménagé nos tentes à l’opposé au cas ou…à 8H, l’arbre tombait là ou Vanty avait dit qu’il tomberait. J’ai filmé la chute de l’arbre. Lorsqu’il est tombé à terre, nous avons tous retenu notre souffle puis hurlé de joie devant la totale réussite de la mission. Vanty est ressorti de l’endroit avec ses tongs, son long short, son Tshirt court, sa moustache, sa hache…mais il avait cette fois trois petits quelques choses en plus…de la sueur…un petit sourire en coin et des yeux pétillants…Depuis ce jour, Vanty est devenu comme un demi dieu à mes yeux. Il a tout mon respect. Il m’a impressionné. Et puis aussi, depuis cet épisode, Vanty et moi sommes devenus amis. Il m’aime bien puisqu’il lui ai déjà arrivé de me dire plus de 3 phrases dans une journée ! Lors de notre dernière rencontre, il m’a même fait de l’humour !!!! Bon, c’était très légé comme humour mais c’était incroyable aux yeux de tout le monde…

L’histoire du départ de mon ami Nono…
Demain je me rends à nouveau au village de Lompole pour la troisième fois en un peu plus de deux mois. Demain je dois me rendre là-bas car j’accompagne l’équipe qui quitte la RDC et je vais accueillir la nouvelle équipe comprenant notamment la nouvelle administratrice. Il y aura aussi une personne qui étudiera les bonobos et qui était déjà venu ici. Nous aurons également un homme qui vient juste pour étudier les amphibiens pour un mois. Il a affrété à ces frais lui-même le prochain avion qui viendra en janvier.
Demain je vais surtout dire adieu à mon ami d’ici : Nono. Nono est une personne dont on est heureuse d’avoir fait cette rencontre dans sa vie. C’est un ingénieur agronome et qui prépare un PHD (doctorat) en gestion de l’environnement. Il est congolais. Il travaille depuis de nombreuses années pour MPI. C’est une personne qui m’a énormément aidé ici et soutenu dans les moments difficiles. Son aide m’a été très précieuse au travers de sa connaissance du terrain et du milieu au niveau de la population du secteur. J’ai eu beaucoup de chance. C’est la partie analyse chimique de son travail que je vais reprendre en théorie. Il m’a ainsi formé. Je crois que le professeur part satisfait de son élève. Hier, j’ai réussi à préparer seule mes produits réactifs mais je nous ai un peu intoxiqué bien que nous étions en plein aire et malgré nos masques car j’ai été un peu trop lente avec notamment l’Acide Nitrite…Ferais mieux la prochaine fois…Aujourd’hui j’ai procédé également seule à mes premières analyses et j’ai trouvé le même résultat que lui ! Youpi !
Nono rentre sur Kinshasa après quatre mois d’excellent travail. C’est une personne au grand cœur avec qui je ne partageais pas tous les avis et notamment pas en politique mais dont je me souviendrais de la gentillesse tout comme je me souviens encore de celles de mes amis de Pointe Noire, Véronique et Robert…Je me souviendrais de Nono nos grandes conversation le soir auprès du feu. C’est un de mes moments préférés de la journée. Je décompresse alors…C’était aussi mon voisin de tente (bon, vu l’exiguïté des lieux, nous le sommes un peu tous ici !) Aujourd’hui, il m’a devancé sur le trajet de Lompole. Son emplacement est vide et ça me fait un petit quelque chose. Nous rigolions beaucoup ensemble et il avait un des rires les plus vilains et retentissant qui soient ! Ce soir je serais sans lui auprès du feu mais j’écouterais tout de même le poste pour écouter les informations. Je serais avec tous les autres membres de l’équipe des travailleurs et nous écouterons ensemble RFI ou la BBC ou radio Okapi…La radio est très importante ici. C’est notre lien quotidien avec l’extérieur et j’ai maintenant pris cette habitude de l’écouter le matin et le soir avec les « gars ». Bon, en plus, vous devez savoir que depuis quelques jours Kabila a lancé une attaque armée afin de déloger et d’en finir avec le rebelle Laurent Kounda dans le Kivu. Pas d’inquiétude pour nous car nous sommes loin de cette zone mais ce qu’il se passe là-bas est vraiment effrayant depuis tant d’année et cela se poursuit encore et encore…un sujet complexe et une source de gentils désaccords entre mon ami Nono et moi surtout au petit déjeuner…
En ce moment Nono souffre car il n’a pas encore achevé cette longue marche qui le relie à Lompole…Demain, ce sera mon tour….
Je resterai probablement trois jours sur place. Je vais devoir en fait régler tous les salaires en retard du fait du vol de l’argent. Nous attendions l’avion pour avoir les liquidités. Je serais escorté de deux policiers lors du règlement des salaires et cela va certainement me prendre une journée entière…Je vais devoir aussi régler les détails avec le pilote de l’avion pour sa prochaine arrivée en janvier. Puis, je ferais signe à tous lors du décollage et moi, je resterais sur la piste en me disant qu’il faudra que je fasse encore trois coucous comme celui-ci avant que ce soit à mon tour d’entrer dans l’avion…
Nono cherchait toujours ces fruits pour les analyser et les échantillonner et son plus grand ennemi à lui, le grand Nono était…un écureuil…Cet écureuil mangeait systématiquement tous les fruits mûrs d’une espèce qui se trouvait dans notre campement. Chaque jour, c’était la même lamentation que nous entendions du fond de son laboratoire…Nono était en compétition alimentaire avec un écureuil…Les souris étaient aussi ses ennemies car elles s’attaquaient régulièrement à son herbier…Le jour ou il sorti son piège à souris, je suis entrée en guerre contre lui…je ne vous dis pas le nombre de fois ou j’ai fait capoter ses plans….
Now Nono is gone….Bye-bye…

Histoire de finir…
J’en suis à six pages pour ce courrier…certains vont me maudire…Alors que rajouter d’autre si ce n’est que mon travail d’administratrice va bientôt s’achever et qu’il aura été très dense, c’est le moins que l’on puisse dire !
Depuis une dizaine de jours je me suis mis à l’apprentissage du Lingala. J’ai fais le deuil de mon Munukutuba…Je progresse bien en Lingala. J’ai conscience que connaître cette langue m’aidera énormément et pas seulement pour travailler dans le secteur mais aussi pour communiquer avec les gens. Tout le monde ne parle pas le français ici. Mais, il est certain que cela sera aussi un atout sérieux sur mon CV. En parlant de cela, il faut tout de même que je vous dise que MPI m’a écrit un courrier de félicitations pour mon travail et m’a proposé de m’employé en tant qu’administratrice « pour toujours » avec un « salaire motivant » et tout le reste…enfin, j’ai atteint mon objectif : trouver un emploi rémunéré dans la conservation et in situ…je vais refuser… ! Bon, il faut voir déjà jusqu’à la fin de cette mission. Il faut rester prudente. Mais il faut aussi avouer que cette mission est vraiment différente des autres et vraiment plus difficile. La plus grande difficulté est sans aucun doute le maintien du moral…Ca, s’est le plus difficile ! Les conditions sont aussi plus dures même si ça peut tout de même aller. Il faut juste se faire à l’idée que chaque matin, je dois expliquer aux insectes nocturnes qu’ils doivent arrêter de construire leur maison dans mes culottes…il faut aussi se faire à l’idée que nous sommes en panne de papier toilette depuis plus d’un mois et qu’il faut attendre l’éternel avion pour nous ravitailler et qu’en attendant…on défeuille un peu tout ce que l’on trouve autour du petit coin...que même lorsque nous sommes aux toilettes, les colobes nous observe sans gêne aucune ! Et je ne vous parle pas de la crispation qui se produit en moi a chaque fois que je laisse tomber mon savon sur le sol sableux pendant ma douche...Bon, il faut aussi avouer que tout ceci est parfois trop bon…mais de là à dormir toute une vie sous une tente…Bref, j’ai un autre plan qui est en train de surgir dans mon esprit et qui pourrait tout à fait combiner quelques séjours sur ce terrain de temps à autre…mais vous en dirait plus une autre fois…
En attendant je savoure tous les soirs le délicieux moment de détente que je m’offre avant d’aller dans mon nid….je m’installe tranquillement autour du feu dans le quartier des travailleurs. Ils discutent alors tout doucement avec moi. Puis, ils me filent une tasse de leur tisane horrible à boire mais dont curieusement je me suis habituée au goût. Il fait nuit noire. Nous restons alors silencieux. Nos regards ou nos réflexions se perdent dans la danse des flammes, comme hypnotisés…Puis, un chant africain s’élève de nulle part…il y a toujours un gars qui chante. Ce sont pour la plupart des chants religieux, doux à entendre…J’écoute...Je bois de petites gorgées brûlantes…D’autres personnes vont accompagner le chant. Les variations des voies sur ces chants mélancoliques provoque alors un sentiment de sérénité en moi et un léger sourire se dessine bien malgré moi sur mes lèvres…dans la nuit noire africaine…
Dans la nuit noire africaine, il y a toujours un chant…un chant africain…toujours…ici, on chante pour ne pas penser disent-ils…
Dans la nuit noire africaine, au bout d’un moment on jette discrètement son fond de tisane et on court à toute vitesse se coucher poursuivi par les moustiques qui viennent tout gâcher tous les soirs !!!!

Je vous laisse ici. Demain, une longue marche m’attend.
Merci à tous pour vos mails et notamment ceux de mon happy birthday !
Dave, tu as vraiment fait fort et cela me met une certaine pression pour le…25 janvier… !
Stéphanie, je viens de recevoir ton mail à l’instant. Tu m’as bien fait rire !
J’attends des nouvelles d’un certain petit bébé qui devrait bientôt naître en attendant celui prévu pour mars…
Besoin d’avoir des news de Madame Pik-pik svp !!!!
Dès que je rentre, j’enverrais les mails de circonstances pour les anniversaires immanquables de décembre !
J’ai fait passer par le retour de la directrice du projet en Europe un cd avec toutes les photos et les films. Cela va arriver chez Gilles et il enverra des doubles pour ma famille.
En cette fin d’année, c’est surtout à ma famille que je réserve la plus grosse pensée. Vous me manquez.
Félicitation à toi Papa pour maintenir la règle que nous nous sommes fixés !

Laissez-moi vous souhaiter à tous de merveilleuses fêtes de fin d’année. Tous mes vœux. Que vos rêves se réalisent…
Pour mon repas de fêtes, ce sera spaguettis à la tomate et peut-être du pain ! Chouette !

Joyeux noël et bonne année 2008 avec un peu d’avance…

Babs – Barbara


Ps : Oh là là…sept pages tout de même…